Un millier de ruches déposées place Bellecour par des apiculteurs en colère. Les importations de miel et les pesticides sont au coeur de leurs préoccupations.
Le gouvernement, pour apaiser la grogne des agriculteurs, a fait des annonces qui sont loin de satisfaire les apiculteurs locaux. Pour preuve cette manifestation qui a réuni des apiculteurs et apicultrices venus de toute la région Auvergne-Rhône-Alpes avec pour bagages, 1000 ruches « mortes ».
Pour Alain Chevalier, vice-président du Syndicat d’Apiculture du Rhône, de la Métropole et de la région lyonnaise : « Le miel ne se vend pas assez cher, car il est concurrencé par des miels importés. La France ne produit qu’un quart du miel consommé en France. Le miel est acheté à l’étranger moins de deux euros le kilo. Les apiculteurs français ne peuvent pas produire à ce tarif. La solution, c’est de contrôler ces miels importés. Déjà, il faut vérifier que c’est du miel. Certains produits sont adultérés, mélangés avec du glucose. Les concessions qui ont été faîtes aux agriculteurs sur les pesticides vont à l’encontre de la biodiversité… ».
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Des ruches mortes pour dénoncer la mise en pause du plan Ecophyto
Corinne Lafrogne est apicultrice en Drôme. Elle est affiliée à la Fédération Française des Apiculteurs Professionnels et tire la sonnette d’alarme comme ses 5000 collègues répertoriés en France. Elle met en garde et invite les consommateurs à bien regarder les étiquettes.
« Il faut savoir lire les étiquettes. Il faut faire la différence entre un miel produit en France et un miel mis en pot en France. Beaucoup de miels sont coupés… Sans compter les miels frelatés. On se retrouve avec des invendus. La crise des apiculteurs n’a jamais été aussi grave… ».
Matthieu Sibuet est, lui aussi, apiculteur dans la Drôme depuis 1998. Le Rucher des Ramières produit du miel mais aussi et surtout de la gelée royale. Et c’est encore plus compliqué pour Matthieu..
Il garantit une production certifiée bio. Il installe ses 300 ruches dans les paysages variés de la Drôme et pratique une apiculture responsable, dans le respect de la charte de qualité « Gelée Royale Française« . Mais, en France, 95% de la gelée royale vendue est… importée.
La gelée royale consommée en France importée à 95%
Pour cet apiculteur passionné qui, lui aussi, est venu avec quelques ruches mortes, les importations massives non contrôlées ont un effet encore plus violent sur son chiffre d’affaires. « Bien souvent ce n’est pas de la gelée royale. Ce sont des produits moins chers, mais ils sont encore trop chers pour ce que c’est… Pour produire un kilo de gelée, il faut 30 heures de travail. Un kilo de gelée en vrac se vend normalement 1000 euros. Mais la gelée qu’on importe, elle est aux alentours de 50 euros le kilo, voire moins… Il faut donner des moyens à la Répression des Fraudes pour pouvoir démasquer les escroqueries. Nous, on a un logo GRF qui garantit l’interdiction de nourrissements artificiels des abeilles, d’utilisation d’antibiotiques. Sur chaque pot, on a aussi un numéro unique qui permet de tracer le produit ».
Une enquête publiée en mars 2023 par le service de recherche de la Commission Européenne et l’Office européen de Lutte Antifraude (Olaf) pointait déjà que 40% du miel commercialisé France était importé. Avec l’inflation et la recherche de prix bas, le phénomène s’est encore amplifié.
Les apiculteurs s’inquiètent également des conséquences pour l’agriculture en France si les abeilles venaient à s’éteindre. Compte tenu de leur rôle de pollinisateurs…
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