Tous les mois, retrouvez sur Lyon Demain, l’édito de Bernard Devert, président fondateur d’Habitat et Humanisme
Chaque mois, Bernard Devert, président-fondateur d’Habitat et Humanisme, nous fait part de sa réflexion sur la société qui nous entoure avec son lot d’espoir et d’inquiétude… Son édito s’intitule, en ce mois de décembre : « Noël est un berceau« .
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« Noël est un berceau. Toute naissance traduit un émerveillement, suscitant une responsabilité. D’où cette interrogation : « que deviendra cet enfant ? ». Chacun pressent alors la nécessité de lui offrir un monde meilleur, plus juste. L’inouï de la naissance est une reconnaissance de ce qu’il faut changer pour mieux choisir la vie.
Noël est un berceau : trois berceaux auxquels « Habitat et Humanisme » a pu contribuer cette année
A ce titre, je souhaite partager trois berceaux auxquels « Habitat et Humanisme » a pu contribuer cette année. Le premier berceau est ce lieu sur une belle artère de la Capitale, accueillant notamment six jeunes confrontés à des difficultés psychiques dont ils parlent simplement, avec lucidité. La maladie les a touchés au moment où ils entreprenaient des études. Accablés mais pas brisés, refusant tout fatalisme, ils entendent être aussi autonomes que possible. Au sein de cet espace, se vit une spiritualité de la fraternité. Agathe, Ariane, Laure, Olivier, Pierre et Simon perçoivent combien ils sont des pionniers, vivant cette aventure comme une ouverture à la joie. Elle est palpable dès qu’on rentre dans leur lieu.
Le deuxième berceau donne naissance à une maison de soins à destination de patients qui, au sortir de leur hospitalisation, sont confrontés à un isolement aggravé par les ruptures sociales et la pauvreté. Après les soins s’éveille la nécessité d’un prendre-soin, telle la recherche d’un logement adapté à l’état de santé, aux ressources et à la situation sociale pour que le patient, qui ne l’est plus sur le plan médical, ait moins à attendre ce toit qui enfin donne un abri, sans lequel la vie n’est pas possible. La rue, ne l’oublions pas, est une violence dont est victime plus d’une personne par jour, outre l’assassinat de l’estime de soi qu’elle suscite.
Le troisième berceau témoigne de l’accompagnement d’un adolescent ayant perdu les siens. Pour échapper aux violences de son pays sur le continent africain, il arrive, épuisé, à Lyon sans rien, ne connaissant pas notre langue et n’ayant d’autres espoirs que de trouver un répit à défaut d’une hospitalité, comme mineur non accompagné. L’hospitalité se révèlera exemplaire avec une personne bénévole qui s’entend dire par ce réfugié : « apprends-moi à lire pour me permettre d’écrire un livre ». L’ouvrage sera publié ; il s’intitule « Mot par mot… gravir ce monde ». Aujourd’hui ce jeune s’investit sur un projet aux fins de revenir dans son pays pour aider ceux qui n’ont rien. Aidé, il entend partager ce qu’il a reçu.
« il n’y a pas de hasard, mais que des rendez-vous »
Paul Eluard écrit : « il n’y a pas de hasard, mais que des rendez-vous ». Noël est de ceux-là pour être de ces moments inattendus, se révélant une fulgurance d’éternité, si bien que « quelque chose » en nous se déplace pour faire place à « un autrement ». Comment ne pas observer qu’à chaque Noël, la solidarité et la fraternité surgissent. Ne nous en étonnons pas. Choisir la vie, c’est décider de sortir de soi pour aller vers l’autre, les autres.
Oui, naître, c’est reconnaître cette part manquante en soi-même. Difficile parfois de l’accepter tant elle introduit un bouleversement, pour le moins un changement. Quel cadeau – c’est Noël – pour être invités à devenir les chercheurs de ces étoiles qui guident vers le meilleur contribuant à bâtir dans le silence, la maison commune.
Dans cette perspective, vous qui me faites l’amitié de lire ce texte, vous accepterez que je vous dise un « joyeux Noël ». Il est accompagné de ma reconnaissance pour tous ceux sans qui ces berceaux n’auraient pu être évoqués. S’ils sont là, bien là, c’est qu’ils témoignent de ce quelque chose qui dépasse. Je n’ai pas à le désigner, seuls les cœurs habités d’une attention à l’autre peuvent le nommer. »
Bernard Devert
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