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Greffe du larynx : Lyon renoue avec les premières chirurgicales

Une patiente greffée d’un larynx : c’est une première en France et l’opération s’est déroulée les 2 et 3 septembre dernier, à l’hôpital de la Croix-Rousse, à Lyon.

C’est une transplantation réalisée à seulement trois reprises dans le monde. Il a fallu 10 ans de travail aux équipes lyonnaises pour pouvoir entamer cette prouesse chirurgicale. 12 chirurgiens et 8 infirmières se sont relayés au bloc opératoire pendant 17 heures pour réaliser cette greffe du larynx. Rajoutez 10 heures pour le prélèvement…

L’équipe de chirurgiens et infirmières

L’équipe était coordonnée par le Pr Philippe Ceruse, chef du service ORL de l’hôpital de la Croix-Rousse. Nous l’avons rencontré : « Le larynx est un organe complexe de par son anatomie, de par sa physiologie… Il sert à parler, à manger, à respirer. Cette transplantation n’est indiquée que pour des larynx traumatiques. On espère obtenir une extension de notre protocole de recherche pour certaines tumeurs bénignes du larynx. Plus tard, avec de nouveaux immunodépresseurs et de nouveaux traitements antirejet, on pourrait peut-être le proposer à des personnes atteintes d’un cancer. Et là, un grand nombre de patients pourrait en bénéficier ».

Ecoutez le podcast

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Greffe du larynx

Une rééducation qui devrait durer 12 à 18 mois

La période de rééducation pourrait atteindre 12 à 18 mois. Rééducation de la voix, de la déglutition pour réapprendre à manger et rééducation de la respiration. « Karine trouve sa voix absolument insupportable. Mais avec le temps, elle va progresser et dores et déjà, elle a retrouvé le moral. Il faut dire que ses filles n’avaient jamais entendu le son de sa voix. Elle va enfin pouvoir leur parler ».

https://www.lyondemain.fr/wp-content/uploads/2023/11/Greffe-larynx-Patiente-orthophonie-audio.mp3
extrait d’une séance de rééducation

La patiente, c’est Karine. Elle respirait par trachéotomie depuis 1996 et un arrêt cardiaque ayant entrainé une opération et des complications au niveau du larynx.

Après opération et deux mois de surveillance, la patiente a pu rentrer chez elle. Karine, mère de famille âgée de 49 ans, réapprend à vivre normalement. notamment à manger, respirer et parler…

Nous avons rencontré Nathalie Crouzet-Victoire, orthophoniste. Elle s’occupe de la rééducation de la patiente. « La voix est déjà bien meilleure qu’au début… On lui fait repasser de l’air dans le larynx. C’est une rééducation très lourde, mais elle a la foi. »

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Le projet n’aurait jamais abouti sans la donneuse, une patiente de l’hôpital Edouard Herriot qui a souhaité faire don de son larynx à sa mort. Ses proches ont été particulièrement investis pour faciliter les démarches.

Une première greffe de larynx : et après ?

Deux autres larynx devraient être transplantés à Lyon. Les HCL ont obtenu les financements nécessaires. Mais d’autres greffes sont en projet…

Nous avons rencontrés le Pr Lionel Badet, chef de service transplantation aux Hospices Civils de Lyon. Il est revenu sur les conditions de cette greffe et sur les perspectives qu’elle ouvre.

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« La complexité d’une telle intervention va diminuer avec le temps. Aujourd’hui, on ne parle plus des greffes de bras… Une certaine forme de routine s’est installée. Mais une greffe reste une aventure avec le risque d’un rejet. Ce sont des patients qu’il faut accompagner par la main du début à la fin. Les rejets se traitent et souvent, le greffon subsiste. Le prix à payer, c’est la patience et l’incertitude. »

Bientôt des greffes d’utérus et de pénis….

Les équipes lyonnaises travaillent aujourd’hui sur des protocoles de recherche clinique pour des greffes d’utérus et de pénis. « Des greffes d’utérus (pour les stérilités définitives chez les femmes)… Des greffes de verges (pour des hommes amputés traumatiques aux conséquences épouvantables) » détaille le Professeur Lionel Badet.

Les HCL ont déjà été pionniers par le passé. Première greffe de rein en France, c’était en 1965 à l’Antiquaille… Plus récemment première greffe de mains, d’avant-bras et même de visage, supervisées par le Pr Jean-Michel Dubernard, aujourd’hui disparu.

A chaque fois, il s’agit de réparer des accidents pour rendre une qualité de vie aux patients concernés…

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