En octobre 2022, est sorti le deuxième tome du roman graphique « Le Jour où j’ai rencontré Ben Laden ».
Écrite et dessinée par l’auteur Jérémie Dres, cette histoire vraie, c’est celle de deux jeunes hommes de Vénissieux, Mourad Benchellali et Nizar Sassi. Ils sont partis en Afghanistan à l’été 2001 après s’être faits embrigadés. Cette BD est devenue un outil contre l’embrigadement des jeunes.
A l’époque, ils ne savent pas vraiment dans quoi ils s’embarquent… Mais, très vite, après leur arrivée surgit le 11 septembre (et ses attentats).
Les Etats-Unis commencent alors une guerre contre le terrorisme. Mourad et Nizar se retrouvent emprisonnés à Guantanamo alors qu’ils n’ont rien fait.
L’histoire de Mourad Benchellali et Nizar Sassi, partis en Afghanistan à l’été 2001
Du côté français, dès qu’André Gerin, le maire de Vénissieux de l’époque, apprend que deux français sont enfermés dans la zone de non-droit que représente Guantanamo, il commence la bataille pour les faire rapatrier.
Dans ce combat, il est soutenu par Dominique de Villepin qui est à ce moment-là ministre des Affaires étrangères.
Mourad et Nizar ont finalement été rapatriés et jugés en France, et en 2006, les deux hommes sortent de prison.
Cette histoire, Jérémie Dres ne l’apprend que tardivement, à la télé en 2016, au moment des départs massifs de jeunes français vers la Syrie.
Pour cet auteur de BD qui adore raconter l’Histoire avec un grand H à travers les petites histoires des autres, ce qui est arrivé à Mourad et Nizar, il devait le dessiner.
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Et il l’a fait en prenant son temps pour décrire toute la complexité de cette histoire et la replacer dans son contexte. Il a alors mené un réel travail d’investigation pour donner dans sa BD les points de vue de Mourad et Nizar mais aussi d’André Gerin, Dominique de Villepin ou encore d’un expert du FBI.
Prendre le temps pour rendre compte de toute la complexité du monde, voilà ce qui tient à cœur à Jérémie Dres.
« Le Jour où j’ai rencontré Ben Laden » : un outil pour lutter contre l’embrigadement
Depuis 2006, Mourad mène des actions de prévention auprès des jeunes sur les dangers de la propagande djihadiste et de la radicalisation. S’il a accepté le projet de roman graphique et en a parlé à Nizar, c’est parce qu’il pense que c’est un outil intéressant pour sa lutte contre l’embrigadement.
“Cela permet de diffuser le témoignage d’une autre manière et bien plus efficacement,” affirme-t-il. Et un outil comme ça il en a besoin.
Depuis 2006, il voit que les politiques accordent de moins en moins d’importance à la lutte contre l’embrigadement. Cela l’inquiète.
“Il n’y a plus de financements donc il n’y a plus d’initiatives et le travail de sensibilisation n’est plus fait. Mais il y a de plus en plus de jeunes dans un malaise identitaire ou dans des problèmes sociaux. Ils sont plus vulnérables à se faire embrigader,” témoigne-t-il.
La sortie du deuxième tome du roman graphique met de nouveau en lumière la BD. L’occasion pour Mourad d’en profiter pour la diffuser au maximum auprès des jeunes. Un moyen, qui ne dépend pas du financement de l’Etat, pour leur montrer que partir n’est pas la solution….
Pour en savoir plus : « Le Jour où j’ai rencontré Ben Laden »
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